Journée internationale de la diversité biologique
La diversité biologique – ou biodiversité – est le terme qui désigne toutes les formes de la vie sur terre. Ce terme tant galvaudé de nos jours est apparu dans les années 80 aux Etats-Unis, mais c’est en 1992 qu'il a été popularisé, à l’occasion de la tenue du Sommet de la Terre, à Rio de Janeiro (Brésil).
L’article 02 de la Convention sur la Diversité Biologique définie la biodiversité comme étant « la Variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes ».
Loin d’être anodin, la biodiversité nous offre un grand nombre de biens et services qui soutiennent notre vie sur terre, à titre d’exemple, plus de 80 % de notre alimentation et nos médicaments sont assurés par les plantes.
Néanmoins, la biodiversité décline à un rythme sans précédent, les activités anthropiques ont sérieusement modifié les habitats naturels, provoquant, pour ainsi dire une extinction massive, le tout exacerbé par le changement climatique.
Ne pas agir, c'est faillir à l'humanité.
Environ 60 % des maladies infectieuses chez l'homme sont des zoonoses, parmi elles : le virus Ebola, la grippe aviaire, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), le syndrome respiratoire aigu soudain (SRAS), la maladie virale de Zika et, actuellement le coronavirus (COVID-19). Bien que l'origine de l'épidémie et sa voie de transmission restent encore à approfondir, il est important de savoir que l'émergence des zoonoses est souvent liée au non-respect de l’équilibre environnemental.
Pour faire face à l’actuelle pandémie du coronavirus (COVID-19) en se protégeant des futurs aléas sanitaires et écologiques, la préservation de la biodiversité, notamment de la faune sauvage demeure un impératif, nous devons œuvrer pour une intendance mondiale de la nature, et un engagement déterminant pour faciliter la transition vers des économies neutres en carbone. L’avenir de l’humanité dépend des mesures prises dès maintenant pour le développement d’activités durables.
C’est dans ce contexte alarmant, que l'Assemblée Générale des Nations-Unies à proclamer, le 22 mai, date de l’adoption du texte de la Convention sur la Diversité Biologique « Journée internationale de la biodiversité».
Le thème choisi pour cette année véhicule un slogan en parfaite harmonie avec le contexte global intitulé « Nos solutions sont dans la Nature », ce dernier met l'accent sur l'espoir, la solidarité et la nécessité de travailler ensemble à tous les niveaux pour construire un avenir en harmonie avec la Nature. Malgré nos avancées technologiques, nous dépendons entièrement d'écosystèmes sains et dynamiques.
L’année 2020 est cruciale pour la biodiversité et la communauté scientifique n’a cessé de tirer la sonnette d'alarme tout en insistant sur la problématique du climat. A ce titre, la Plateforme Intergouvernementale Scientifique et Politique pour la Biodiversité et les Services Écosystémiques (IPBES), l’équivalent du (GIEC) pour le climat, a publié un rapport alarmant en 2019, affirmant que l’ampleur de la destruction de la nature n’a jamais atteint ce stade, avec près d’un million d’espèces animales et végétales qui risqueraient de disparaître à brève échéance.
Le changement climatique constitue l’une des principales menaces qui pèsent sur la biodiversité. Il bouleverse les écosystèmes naturels et les aires de répartition des espèces, aggrave le phénomène de désertification, impactant, ainsi, les populations humaines et les activités économiques (agriculture, pêche, tourisme…).
Les solutions basées sur la nature représentent des alternatives écologiquement et économiquement viables et durables, dans ce sens, la Direction Générale des Forêts a longtemps appuyé ce principe, à travers, notamment, les différentes stratégies adoptées en matière de préservation de la biodiversité, en assurant une gestion écosystémique des espaces forestiers, des zones arides, des aires protégées et des zones humides.
En effet, des efforts continuels sont menés, notamment à travers la création de nouvelles aires protégées, à l’exemple du Parc National de Babor-Tababort, qui renferme l’une des espèces végétales les plus emblématiques du pays, à savoir, le Sapin de Numidie.
S’en suit le classement de la première Réserve Naturelle en Algérie, le Cap Lindles, dans la wilaya d’Oran, classée en 2019, cette aire protégée terrestre et marine recèle de nombreuses espèces animales et végétales comme l’hyène rayée, le Balbuzard pêcheur, le Faucon d’Eléonore et la Posidonie.
Il y a lieu de rappeler que la conservation in situ a toujours été une priorité pour la Direction Générale des Forêts, qui a créé de 1983 à 1993, 08 parcs nationaux, renfermant une richesse spécifique exceptionnelle, conservant toute la partie septentrionale d’Algérie. La stratégie porte actuellement sur la conservation des zones arides et semi-arides, à travers la création de nouvelle catégorie d’aire protégée, notamment dans les zones sahariennes.
Pour ce qui est de la faune sauvage, des stratégies de conservation par espèce ont été élaborées, notamment pour ce qui est des espèces rares et en voie de disparition, à l’instar de la mégafaune sahélo saharienne (antilopes et gazelles…) et du Guépard du Sahara.
Concernent cette espèce hautement emblématique du Sahara, l’observation, par les scientifiques, d’une présence avérée mais sporadique, a incité la Direction Générale des Forêts, à élaborer la Stratégie Nationale et le Plan d’Action pour la préservation de l’espèce, en collaboration avec le Rangewide Conservation Program for Cheetah and Wild Dog « RWCP ».
Dans ce sillage, deux ateliers ont eu lieu, le premier en 2015 pour l’élaboration du plan d’action, et le second en 2017 pour sa validation.
Grâce à ces efforts, des résultats encourageants ont été rapportés, et l’année 2020 a été marquée par l’observation, de ce rarissime félin dans son milieu naturel, dans le Parc Culturel de l’Ahaggar. Ce constat très encouragent conforte la Direction Générale des Forêts dans la démarche adoptée en poursuivant sa stratégie de conservation des espèces menacées de disparition.
L’amélioration des connaissances sur la faune et la flore, à travers la mise en place des réseaux thématiques est l’une des stratégies de conservation de la Direction Générale des Forêts, la complexité de la tâche nous astreint à travailler en collaboration avec nos partenaires nationaux et internationaux pour assurer cette veille écologique.
Dans ce cadre, l’administration des forêts compte à son actif quatre réseaux fonctionnels à savoir :
- le réseau sanitaire de la faune sauvage ;
- le réseau de la santé des forêts ;
- le réseau des observateurs ornithologiques algériens, et ;
- le réseau botanique Algérie, en cours de création.
Ces réseaux, interconnectés et interdépendants sont quasi salutaires pour renforcer la veille écologique dans le contexte environnemental actuel.
Enfin, il sera primordial d’accorder plus d’attention au vivant, la Journée internationale sur la diversité biologique souligne à quel point nous sommes interdépendants et que la réponse à tous nos défis se trouve dans la nature. Plus que jamais, la biodiversité demeure la base d’un avenir commun et durable.